S’en-fricher / Déchiffrer

Il s’agit d’une expérience qui se déroule lors d’une résidence à la Factatory sur une durée de sept mois entre mars et octobre 2023 à Lyon. La Factatory est une structure artistique rattachée à la galerie Tator à Lyon et occupe temporairement des friches industrielles.

Ce projet est un approfondissement de Habiter (https://www.tatianabailly.com/habiter/), travail de broderie réalisé avec et sur le végétal, initié au Château de Monthelon, quatre ans auparavant. Je souhaite désormais investir un espace plus vaste que lors de ma précédente expérience, pour amener une vraie déambulation et immersion. Pour ce faire je m’entoure d’autres personnes qui viendront créer cet espace avec moi. Une dizaine de sessions de travail collectives ponctuent ce temps de résidence, à raison de deux fois par mois, avec un nombre de personnes variable, évoluant entre deux et sept personnes.

Je propose aux participant·es de créer un grand réseau de fil coton blanc, une sorte de mycélium qui deviendrait visible en quittant le sous-sol pour investir la surface externe
du sol jusqu’au milieu aérien. Cet ensemble parcourra une étendue d’environ 15 x 10 mètres et pour le mettre en place, je donne la possibilité d’utiliser des outils, tels des crochets, des aiguilles ou simplement ses mains.

D’une session de travail à l’autre, je reviens fréquemment sur les lieux pour observer, documenter les évolutions de manière photographique et textuelle : les enchevêtrements, les changements liés aux saisons, les éléments, les évènements météorologiques, les moments de la journée. Mais aussi les types d’interaction herbe-textile, le degré de recouvrement du textile par la végétation en fonction de l’espèce et l’ancienneté de chaque parcelle investie. A certains endroits, le textile a déteint ou disparu du champ visuel, invitant alors à un parcours entièrement tactile.

Ceci donne lieu parallèlement à la naissance d’un récit de cette expérience : un livre textile où cohabitent écriture manuscrite parfois illisible et altérée (textile gratté, tâches), réseaux brodés, traces de terre et d’herbes prélevées sur le site. Ce livre mime en quelque sorte le temps qui passe sur la friche, ses transformations tant humaines que végétales, en version accélérée. Créer un objet étant d’ores et déjà un vestige, voire un palimpseste.

Une récolte collective des éléments hybrides textile-herbe est organisée à l’issue des sept mois. Elle m’interroge à propos du devenir de ces objets une fois hors du site. Quel sens pourront-ils bien pouvoir ailleurs, et quel pourrait être cet ailleurs ?

Récolte

Photographie ci-dessus : Francis Goeller.

Photographie ci-dessus : Francis Goeller.

Micorhiziennes

Sérigraphie, à partir de photographie herbe et textile, 50 x 70 cm x 24 exemplaires numérotés

Détail Micorhiziennes.

Nom des participant.es dont le travail apparaît sur les photographies : Tina Marais, Olivia Ferrand, Alice Ferri, Charlotte Peyrard, Catherine Chauchat, Laurianne Bernard, Cécile Charpentier, Serge Ugolini.

Crédits photo : Tatiana Bailly